Dans un article publié par Le Drenche, sous forme d’argumentaires opposés, Vincent Liegey prend le partie du contre en défendant l’idée que le Pacte Finance-Climat ne permettra pas de résoudre la question environnementale et que pire encore il risquerait de déstabiliser notre structure démocratique.
Le double diagnostic porté par le pacte Finance-Climat est juste. Je ne pense qu’il soit nécessaire de revenir sur les enjeux environnementaux, tant les alertes sont claires. Le slogan « si le climat avait été une banque, on l’aurait déjà sauvé » est séduisant et rappelle de manière salvatrice l’imposture indécente de la gestion de la « crise » de 2008 qui n’a fait que repousser le problème ou plutôt l’aggraver.
Un risque de récupération par le système qui ferait du profit sur le climat
En effet la situation n’a fait que s’empirer, les inégalités exploser, et nous sommes à l’aube d’un nouveau krach économique. Cependant, il porte en lui un risque de récupération par le système en laissant croire qu’un simple réajustement est suffisant : au lieu de financer les banques, faisons du profit sur le climat.
Il laisse aussi vivre le mythe de la croissance verte et donc du découplage or il est démontré qu’il n’y a pas de développement économique sans augmentation de l’impact environnemental.
Ainsi, au-delà des bonnes intentions, ce pacte représente une étape de plus dans la dynamique du développement durable au service du « green social washing » vendu depuis maintenant presque deux décennies !
De l’argent il y en a !
L’enjeu n’est pas de rajouter de l’argent là où il y en a déjà trop. « Un pognon de dingue », il y en a, de l’évasion et optimisation fiscales au remboursement de la dette, de la rémunération des actionnaires aux grands projets inutiles imposés, nous ne manquons aucunement de liquidités. Au contraire, nous souffrons d’une économie toujours plus déconnectées de la réalité au service d’une explosion des inégalités et de la spéculation.
Remettre l’économie à sa place est le contraire de plus d’économie. Faire tourner la planche à billet risque de renforcer et de justifier les dérives de la financiarisation de l’économie et ses méfaits sur nos démocraties.
…Et on en a pas si besoin que ça !
Ce dont nous avons besoin, c’est de justice sociale et environnementale tout en sortant de la religion de l’économie. A travers un projet de décroissance nous proposons la mise en place d’une dotation inconditionnelle d’autonomie couplée à un revenu maximum acceptable. Cela consiste à relocaliser en toute solidarité nos économies afin de les ancrer dans le réel en posant la question de qu’est-ce qu’on produit ? Comment ? Pour quel usage ?
Les solutions sont là et ne coûtent pas grand-chose. Elles relocalisent en créant des solidarités et de la convivialité tout en sortant de la religion de l’économie… qui risque d’être renforcée par la création monétaire. L’argent ne se mange pas, elle ne chauffe pas notre appartement l’hiver, par contre, elle pervertit nos démocraties.
Pour lire l’argumentaire opposé par Hugo Viel, Coordinateur du Collectif Jeune du Pacte Finance Climat, retrouvez l’article en intégralité sur https://ledrenche.fr/2019/04/faut-il-creer-une-banque-europeenne-pour-le-climat-5231/, et jouez le jeu de la prise de position proposé par Le Drenche.